Peintre de scènes d’histoire, de genre et des paysages, des naufrages en mer, thème alors en vogue, marqué par le romantisme, Eugène Isabey entretient avec la mer une vocation rentrée de navigateur. Cette expérience physique des éléments surgit de façon explosive dans ses scènes de tempête fulgurante.
Aguerri à toutes les conventions picturales, il réalise entre autres des toiles d’une coloration grise tout en nuances. Principalement peintre de marines et de paysages (Picardie, Normandie), il travaille dans son atelier parisien, place Pigalle, avec des élèves comme Eugène Boudin et Johan Barthold Jongkind dont il fut l’un des maîtres, ou encore Jean-Baptiste Henri Durand-Brager.
Ses débuts sont influencés par Eugène Delacroix pour le modelage des éléments. On retrouve également l’influence de William Turner pour l’ampleur héroïque qui accompagne la fusion du ciel et de la terre, et Richard Parkes Bonington pour le tissage naturaliste de la matière.
On lui attribue la découverte du site d’Étretat où, en 1820, il s’installe pour peindre durant 6 mois, chez un capitaine des garde-côtes. Ensuite il y revient les années suivantes avec Bonington et Camille Roqueplan.
Dès 1824, il possède une maison à Honfleur ou, plus tard, il fera la rencontre de Eugène Boudin, auprès de qui il exercera ses qualités d’entremetteur mondain.
En 1830, il est nommé peintre officiel de la Marine et fait la campagne d’Afrique.
En 1831, il est choisi pour accompagner la mission diplomatique du comte de Mornay au Maroc, mais, rentrant tout juste d’Algérie, il refuse. Il est alors remplacé par Eugène Delacroix.
Familier de la ferme Saint-Siméon (Normandie) dans les années 1860, il soutient des idées plastiques qu’il partage avec Johan Barthold Jongkind, Eugène Boudin, Louis-Alexandre Dubourg et le jeune Claude Monet.
« La liberté d’interprétation que lui procure la pratique assidue de l’aquarelle le conduit dans ses sujets de prédilection, les tempêtes, à dégager l’essence des mouvements sans rien perdre du caractère prolifique du chaos, provoqué par le bris des mâts et des coques et la déchirure des voiles. Ce matériel disloqué, presque déconstruit, entre en osmose avec l’écume des vagues grâce à un implacable camaïeu brun-vert. Bientôt les peintres n’auront plus besoin du pittoresque des tempêtes pour explorer, dans l’absorption du sujet par la peinture, la physique des éléments. » Alain Tapié. ()
Eugène Isabey décède le 25 avril 1886 à Montévrain, à l’âge de 82 ans. Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise.
Le temps de calme, reprenons notre route…
Je vous dis, donc, à très bientôt!